C’est un parcours exemplaire qui donnera du courage à celles et ceux qui se battent pour réussir.
L’histoire commence à l’Ile de la Réunion. Adolescent, Fabien Bijoux, non-voyant de naissance, se retrouve en rééducation suite à une entorse d’une cheville. « J’avais eu un bon contact avec le kiné. Alors j’avais demandé à effectuer mon stage de découverte en 3 éme chez lui ». explique-t-il.
Il poursuit ses études secondaires dont les cours étaient adaptés en braille au lycée à St-Paul près de chez lui. Il opte ensuite pour la voie scientifique même si son rêve était de devenir animateur radio. Bac en poche et soutenue par sa mère, il est admis à l’école spécialisée de kinésithérapie pour malvoyants en internat à Villejuif en région parisienne.
« Déraciné, je me suis retrouvé seul en métropole dans un environnement méconnu et devant m’adapter très rapidement à une vie d’autonomie pour laquelle je n’étais pas vraiment prêt ».
En difficulté, il choisit de redoubler sa première année de kiné. Nouvelle année qu’il réussit parfaitement et qui lui permet de poursuivre le cycle de quatre années d’études obligatoires pour valider la formation de kiné en tant que non-voyant.
“ La théorie était un peu difficile pour moi en particulier la 3 ème année. [...] C’était stressant, j’avais beaucoup de pression et l’école remettait parfois en cause ma capacité à aller au bout. “ dit-il.
“Mais je voulais absolument réussir et je reprenais confiance en moi durant les stages pratiques à l’hôpital ou en cabinet. Mes tuteurs étaient très satisfaits de moi et m’encourageaient ». ajoute-t-il avec fierté.
En fin d’études, il apprend qu’il ne bénéficiera d’aucune adaptation pour présenter son mémoire. Il devra comme tout étudiant utiliser l’outil « Power Point ». Plus motivé que jamais pour franchir ce dernier obstacle, il s’entoure d’amis qui l’aideront.
« J’ai effectué dix soutenances blanches avant d’être satisfait. Et finalement la présentation de mon mémoire a été très appréciée par le jury. J’allais enfin obtenir mon diplôme ! » déclara-t-il.
Depuis novembre 2018, Fabien travaille dans l’un des cabinets qui l’avait accueilli en stage. « Le toucher est très important pour moi et je communique beaucoup avec mes patients. Je sens de suite leur état d’esprit. Parfois, à la découverte de mon handicap, certains doutent de mes compétences voire même de la validité de mon diplôme ! Dans ce cas il est préférable qu’ils changent de kiné car la relation de confiance est primordiale » explique-t-il.
Plus globalement Fabien déplore le manque d’effort pour faciliter l’accès aux études ou au monde ordinaire du travail pour les malvoyants.
« Pourquoi n’y a-t-il pas plus d’aveugles restaurateurs, ergothérapeutes ou ingénieurs en informatique ? C’est tout à fait possible » s’indigne-t-il.
En attendant, à 25 ans, il croque la vie à pleines dents, partage son appartement avec sa compagne, et à ses moments de loisirs écoute de la musique ou joue aux jeux vidéo sur son ordinateur équipé d’un logiciel vocal.
Envie de s'engager un peu plus dans
l'association ?
Aidez-nous en réalisant un don !